おはよう (konnichiwa),
J’ai une question à te poser => aimes-tu la culture japonaise et plus précisément la culture manga ?
Si c’est le cas tu vas adorer cette édition.
Et si (malheureusement) tu n’y connais rien : reste quand même car tu vas apprendre un paquet de choses aujourd’hui.
Commençons par le contexte.
Personnellement, je suis un grand (grand) consommateur de manga.
C’est ma lecture favorite depuis que j’ai 5/6 ans et cela n’a fait que s’accentuer lorsque j’ai commencé le karaté vers mes 8/9 ans.
Comme beaucoup de personnes de la génération 90, les mangas ont eu une influence très forte sur mes goûts et même sur mon éducation.
Je peux par exemple facilement dire que l’esprit shonen qui (sur)valorise les outsiders qui par la force du travail, du dépassement de soi, de l’ouverture sur l’autre et où l’envie de toujours faire du mieux possible conditionne depuis mon enfance ce que j’aime dans la vie.
L’esprit shonen le plus iconique c’est Naruto. Si tu n’as pas la ref, regarde sur internet : Naruto Nindo
🚨 Je ne considère pas posséder ces qualités (soyons honnêtes). En revanche si l’on regarde mes plus grandes inspirations (notamment sportives et business) il est évident que la culture manga a influencé ma perception des choses.
Cela étant dit, j’ai pris conscience il y a peu que la manga influençait également mes goûts vestimentaires et lifestyle.
Alors, quand on sait que mon manga favori est Dragon Ball Z (grand classique) on se demande comment cela peut-il être positif ?
J’ai donc décidé de remonter le fil pour comprendre pourquoi et comment la culture sneakers qui me passionne est autant liée à la culture manga (et donc japonaise).
Et tu vas voir, c’est un sujet hyper riche.
J’espère que ça va te plaire !
始め (Hajime) (Commençons)
Japon & USA - de la haine à l’amour
L’histoire entre le Japon et les USA est extrêmement complexe. Suite aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, une relation à 2 vitesses s’est progressivement développée.
D’un côté, on trouve les adultes ayant vécu la guerre qui ont gardé de longues années les stigmates de cet affrontement et donc un fort ressentiment contre les USA. Tandis que de l’autre, la jeune génération, née entre 1950 et 1960 sera biberonnée, si ce n’est élevée par la culture américaine.
Après la guerre, ‘‘l’ennemi’’ est devenu le chaperon de la jeunesse japonaise. En cause son rôle clé dans la reconstruction du pays, avec l'objectif de faire du Japon un allié stratégique dans la région Asie-Pacifique.
L'occupation américaine du Japon, qui a duré de 1945 à 1952, a permis de réformer en profondeur la structure politique et économique du pays. Les Japonais ont adopté une nouvelle constitution en 1947, qui a mis en place un système politique démocratique, basé sur le modèle américain.
Voici une photo de la bête.
Au fil du temps, les relations entre les deux pays se sont renforcées, en particulier dans le domaine économique. Les États-Unis sont devenus un partenaire commercial majeur du Japon, et de nombreuses entreprises américaines ont investi dans le pays. Cette relation économique étroite a contribué à façonner la culture populaire japonaise dans les années 70 et 80.
Logiquement, la jeunesse japonaise de cette époque va donc se construire en opposition à la génération précédente puisque ses inspirations seront majoritairement tirées de la culture américaine, en particulier de la musique rock, de la mode et du cinéma.
Ce qui est aux antipodes de la culture japonaise traditionnelle.
Les jeunes Japonais vont développer une véritable passion pour les marques américaines emblématiques et tout cet engouement va donner naissance à plusieurs sous-cultures très importantes. Et notamment vestimentaires. Voici quelques exemples des tendances majeures en 1970/80 à Tokyo :
A/ Denim mon amour
Amoureux des marques de denim américaines comme Levi's, Wrangler et Lee, plusieurs ateliers usines japonaises vont s’approprier des équipements industriels américains pour pouvoir créer leur propre version du denim avec des tissus haut de gamme et une finition artisanale => Aujourd’hui, les denims et tissus japonais américains sont réputés pour être les plus ‘‘purs’’ et qualitatifs.
B/ Japanese Workwear
Les vêtements de travail américains comme les vestes en toiles, les chemises à carreaux et les jeans de travail sont très appréciés des Japonais, qui ont créé leur propre style de vêtements de travail appelé "Wabash". Voici un exemple de tissus wabash.
C/ Le pays des collectionneurs
Les Japonais ont une fascination pour les vêtements vintage américains, en particulier les vêtements des années 40 et 50, qu'ils considèrent comme des pièces de collection.
Je pense que le meilleur moyen de s’en rendre compte serait de lire le livre Ametora.
Ametora, c’est un bouquin référence qui explique comment et pourquoi la passion des japonais a sauvé le style américain. On y comprend que l’amour excessif du japon pour la culture américaine a permis de préserver des savoir-faire et de nombreux héritages vestimentaires, que les américains reniaient au fil de la modernisation de leur économie.
J’ai par exemple découvert qu’après-guerre, alors que les USA étaient en phase de renouvellement industriel, ce sont en majorité les japonais qui ont racheté les machines à fabriquer du tissu (denim notamment).
C’est ce qui explique que les denim japonais sont aujourd’hui considérés comme les plus authentiques du monde. Ce sont eux qui possèdent les machines historiques.
La question qu’il faut se poser maintenant est => que se passe t-il lorsqu’un mouvement culture se développe dans une société ?
La réponse est simple : un contre-mouvement se développe en opposition.
Au Japon, il se nomme Bōsōzoku est c’est notamment lui qui marque le grand rapprochement entre la culture urbaine nippone et l’univers manga (avant que la sneakers s’incruste dans l’histoire).
Bōsōzoku - influence de style et marqueur de la fusion culture urbaine et univers manga
Qui sont les bōsōzoku ?
Les bōsōzoku sont un mouvement de jeunesse japonais qui a émergé dans les années 1950 et qui a atteint son apogée dans les années 1980. Le cliché populaire les décrits comme des motards rebelles portant des vestes en cuir ornées de symboles et de slogans.
Ici, tu peux voir l’image (un peu) fantasmée du bōsōzoku. Il y en avait, mais ce n’était pas que la partie émergé de l’iceberg. Le mouvement bōsōzoku est en réalité bien plus complexe. Il réunit toute une génération de jeunes autour d’un désir commun => la quête de liberté.
L'histoire des bōsōzoku remonte à l'après-guerre, lorsque les jeunes Japonais ont commencé à adopter une attitude rebelle envers les valeurs traditionnelles et la structure sociale de leur pays.
Le code des bōsōzoku était basé sur l'unité et la loyauté envers leur groupe. Les membres des bōsōzoku avaient leur propre argot, leur propre code vestimentaire et leur propre façon de faire les choses. Ils ont souvent été impliqués dans des activités illégales, telles que le vandalisme et les courses de motos illégales.
D’ailleurs, au Japon on avait l’habitude de dire que le mouvement bōsōzoku était l’antichambre de la mafia Yakuza.
C’est flou mais d’un point de vue sociologique tu peux observer le vrai visage du bōsōzoku.
En fin de compte, bien que les bōsōzoku japonais aient été souvent considérés comme une nuisance pour la société, leur impact sur la culture japonaise et internationale est indéniable.
Leur style unique et leur code de conduite ont influencé les médias populaires tandis que leur musique et leur mode de vie ont inspiré de nombreux artistes contemporains.
Comme les mangakas qui vont développer un tout nouveau style : le manga furyo.
Manga Furyo : premier contact entre la culture urbaine japonaise et la culture sneakers occidentale
Le manga furyo est un sous-genre du manga japonais qui met en scène des personnages délinquants ou rebelles qui se battent contre l'autorité et la société. Le mot "furyo" signifie "mauvais garçon" ou "délinquant" en japonais.
Le genre est apparu dans les années 1970 et 1980 et a été influencé par les mouvements sociaux de l'époque, notamment le mouvement étudiant de 1968 et les émeutes de 1970.
Si tu cherches des informations sur le style Furyo manga (internet et/ou Chat GPT) tu verras ça :
Les caractéristiques principales du manga furyo sont des personnages masculins souvent violents, tatoués et portant des cheveux coiffés en banane. Les histoires se déroulent souvent dans des établissements scolaires ou dans des quartiers pauvres et sont centrées sur la vie quotidienne des délinquants et leur lutte contre les gangs rivaux, la police et la société en général.
C’est vrai et faux à la fois.
Voici une image tirée du manga Rokudenashi Blues (aussi connue sous le nom de Racailles blues). Edité en 1989, Rokudenashi Blues est considéré comme le 1er vrai manga furyo de son genre. Il correspond donc très bien aux codes énoncés plus haut.
Et voici GTO de Toru Fujisawa : ce manga a été publié entre 1997 et 2002 et a connu un grand succès auprès du public (c’est certainement le manga furyo le plus populaire en France).
Il raconte l'histoire d'un ancien délinquant (Bōsōzoku) nommé Eikichi Onizuka qui devient enseignant dans un lycée difficile et tente d'aider ses élèves à surmonter leurs problèmes.
En France, le sponsor numéro 1 de GTO n’est autre que le groupe de rap PNL. Ils en parlent dans plusieurs morceaux (sachant que l’un de leurs sons les plus populaires se nomme Onizuka)
Dans les faits, le manga furyo marque un tournant majeur au japon. Pour la première fois, les mangakas prennent de la hauteur sur le style shonen et seinen qui font la part belle aux super-pouvoir et aux mythes et rêves caricaturaux nippons pour parler de la vraie vie.
Le manga furyo s’appuie sur le personnage furyo ou bōsōzoku pour parler de la vie quotidienne japonaise. Les problématiques sociales, la vie des ouvriers, les oppositions entre la jeunesse et le gouvernement sur les sujets pédagogiques, la gangrène des Yakuza …
Bref, on se rapproche plus d’un documentaire avec un fil rouge narratif hyper addictif que d’un manga traditionnel. Ce résultat a été obtenu grâce à un travail de terrain exceptionnel de la part des mangakas. Notamment stylistique.
Et c’est là que la Sneakers entre en scène !
{ avoue que tu te demandais quand est-ce- que la sneakers allait apparaître }
Ici Onizuka dans Youg GTO tente d’échanger sa Air Max 95 contre une BMW pour aller chercher son futur rencard et ainsi gagner quelques points de classe.
Si la proposition peut sembler lunaire à tes yeux, il n’en est rien pour notre héro. Sa sneaker est tellement importante à ses yeux qu’il ne pense pas une seconde au fait que sa proposition soit déséquilibrée.
Converse, Onitsuka Tiger, Nike Air Force 1, Nike Internationalist …
Toutes les sneakers ultra populaires courant 90 au japon sur une seule image.
Voici une version plus moderne du furyo sauce 2000. Adidas + converse = combo gagnant pour le style furyo de début 2000. Ce qui est drôle ici, c’est que ce style parle autant au japon qu’en Europe.
Perso, il s’agit typiquement d’une tenue que je pouvais porter en 2005/2006.
Par la suite, le style furyo a légèrement évolué et on a vu apparaître des mangas furyo-sportif. L’exemple ultime est logiquement Slam Dunk. Et la, c’est le festival de la sneakers !
Air Jordan 1 BRED
Jordan VI OG
Je pourrais continuer pendant 2h mais je pense que tu as capté le délire 😊
Manga furyo => par quoi commencer ?
Avant de te partager mes dernières pépites, je me suis dit que ça pourrait être pas mal de te donner une liste de mangas furyos à découvrir. C’est un style assez méconnu et franchement il n’est pas simple de (i) trouver des manges à lire et (ii) savoir où aller pour les lires.
Le site référence
En France il n’y a qu’un site à vraiment connaitre, c’est Furyosquad.
Tu pourras y trouver les scans des titres les plus appréciés et qualitatifs du marché. Ce sont des passionnés qui traduisent bénévolement tout le contenu. Le rythme de parution n’est pas élevé mais c’est le meilleur endroit pour lire les classiques du genre (release entre 1990 et début 2000).
Pour les classiques tu dois commencer par :
Rokudenashi Blues (réédité ICI)
Ensuite tu pourras lire :
Out (attention on passe un cap en terme de violence mais c’est hyper bien fait)
Clover (une masterclass)
J’espère que tu as pris du plaisir à lire cette série Manga / Culture urbaine / Sneakers 😊
De mon côté, c’était un vrai kiff de te raconter cette histoire. Ça m’a pris pas mal de temps pour faire les recherches et actualiser certaines informations alors si tu as aimé le contenu n’hésite pas à partager a tous tes potes qui sont fans de la culture japonaise.
Je suis prêt a prendre le pari que 90% des gens ne savent rien du mouvement furyo et bōsōzoku.
Les sneakers vintage de la semaine
Taille 35 à 39
Taille 40 à 44
Taille +44
A la semaine prochaine
Jolhane